Zoom sur une synergie vertueuse: l’équipe ESIAM et 100 Détours

 

Nous souhaitons attirer l’attention sur ce qu’il est possible de faire, aujourd’hui, pour réutiliser le bois de nos anciennes fenêtres une fois déposées.

 

Bilan sur le traitement du bois d’anciennes fenêtres

Toutes les actions sur la fin de vie ne se valent pas, et lorsque économie sociale et solidaire, économie circulaire, et dynamique locale trouvent une équation comme celle-ci, cela vaut le coup de porter un peu la voix, en espérant que cela suscite un sursaut de la filière et des initiatives similaires sur le territoire.
Aujourd’hui, 6 millions de fenêtres bois sont déposées par an. 98 % de ces fenêtres sont enfouies, 2 % sont récupérées pour être “valorisées”. La principale action consiste à en récupérer le vitrage, qui compte pour 50% de poids.
Dans ce cas, dans 16% des cas, le bois part en DIB, dans 60% des cas, le bois est incinéré pour être valorisé énergétiquement, et dans 25% des cas, le bois est valoriser pour en faire de l’aggloméré.

La part de “valorisation matière”, ne représente donc que 0,6 % de la masse totale bois de fenêtres déposées en France.

Cette valorisation n’est pas suffisante: et elle n’est pas à la hauteur des potentiels du matériau.
Portés par la communauté d’agglomération de Bressuire, par la dynamique zéro chômeurs de longue durée, et par la région Nouvelle-Aquitaine, nous pensons qu’il est possible de récupérer le bois massif des fenêtres et d’en fabriquer des objets attractifs et vertueux !

 

Visuel 02: Travail de démantèlement à l’ESIAM: séparation du verre, du bois, du mastic, et du métal.

 

Le bilan vertueux de l’ESIAM avec 100 Détours

Nous voulons donc dresser le bilan de notre action commune, qui a démarré en 2015, et commence à être maintenant bien rodée:
L’ESIAM, entreprise à but d’emploi située à Mauléon, collecte sur l’agglomération les menuiseries déposées. Les composants des fenêtres sont intégralement séparées, avec un taux de valorisation, toutes menuiseries confondues, de 85%. La partie qui nous intéresse, dans le cas des menuiseries bois, c’est la capacité de l’ESIAM à séparer soigneusement le bois et le verre, puis celle de 100 Détours à redonner forme et usage à ce bois de réutilisation.

Visuel 03: Livraison des montants de bois à l’entreprise 100 Détours (59 T de bois livrés en 2023).

Attention : Ce type de revalorisation fait aujourd’hui figure d’exception !

En effet, alors que les filières REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) se mettent peu à peu en place sur le territoire, pour collecter et traiter les déchets issus du bâtiment, l’année dernière, seuls 2% de la masse de bois composant les fenêtres ont fait l’objet d’une “valorisation”, alors que le reste du bois est directement parti en DIB (Déchet industriel banal), c’est à dire à l’enfouissement.

Lorsque celui-ci est “valorisé”, il s’agit principalement de valorisation énergétique (incinération pour 57%), ou d’utilisation pour la fabrication de panneaux aggloméré (Bois B pour 25%). Nous estimons à 3% la part de bois valorisé, que nous réutilisons aujourd’hui dans son état massif, grâce au travail de démantèlement effectué par l’ESIAM. Cette capacité à réutilisé le bois massif nous permet non seulement d’éviter l’ajout de colles, mais elle permet aux objets produits d’être à leur tour durable et réemployables !

 

Visuel 04: Diagramme de la boucle permise par la réutilisation du bois d’anciennes menuiseries extérieures.

Cette masse annuelle de 59 tonnes de montants de fenêtres, constituée d’une vingtaines d’essences de bois (environ 70% de bois tropicaux, et 30% de feuillus français) est destinée à retrouver un usage perenne, sous forme de mobiliers urbains ou d’éléments d’agencement, en bois massif.

Alors que les logiques de filières de traitement de fin de vie des fenêtres s’organisent, la valorisation du bois devrait être intégrée, et la réutilisation privilégiée.

Cela ne semble pas être la direction qui est prise pour le moment: bien souvent, le verre est rapidement extrait en le cassant sur le châssis. Le bois, le mastic, et les restes de verre, restent mélangés et partent au rebut. Une fois enfoui, le carbone contenu repart dans l’atmosphère. Il faut pérenniser le stockage le stockage carbone des éléments de construction en fin de vie lorsque cela est possible.
A titre d’exemple, bois de Moabi est un bois de classe d’emploi 4, il est très résistant; l’arbre atteint son âge adulte en 600 ans…

 

Visuel 08: Mobilier extérieur réalisé en bois d’anciennes menuiseries extérieures, conçu et fabriqué par 100 Détours – Modèle EPl01- Plateforme version bois, Photo Stéphane Fournier – Mobilier éligible à l’article 58 de la loi AGEC.

 

Une équipe soudée: une valorisation mutuelle.

Le 28 Mars dernier, l’équipe de l’ESIAM venait visiter les ateliers 100 Détours (nous sommes à 30 Km les uns des autres). Nous avons pu apprécier la satisfaction des équipes, à voir l’énergie déployée à redonner, un dessin, une fabrication, et un nouvel usage, à cette matière de grande qualité et durabilité.

 

Visuel 05: Équipe 100 Détours et ESIAM, lors de la visite de l’ESIAM aux ateliers de fabrication de 100 Détours.

Retrouvez l’article de de Dominique Guinefoleau, du journal « la Nouvelle République », daté du 30 Mars 2024

 

Entreprise à but d’emploi

Le but de l’ESIAM est de redonner des emplois, dans le cadre de la dynamique “zéro chômeurs de longue durée”. Cette expérimentation sociale, maintenant développée dans 9 départements, rend autant d’initiatives similaires possibles, intégrant la dimension sociale, d’un côté, et circulaire, de l’autre. Il nous semble souhaitable pour cela de fractionner la collecte, et d’organiser le démantèlement par petites unités, de dimension humaines, et avec une démarche qualitative (et pas seulement quantitative).

Le modèle [ 100 Détours + ESIAM ] pourrait ainsi être étendu aux 100 départements français.

Visuel 06: Visite de l’ESIAM aux ateliers de fabrication de 100 Détours.

Un marché émergent :

Par ailleurs, des secteurs de marché émergent peu à peu :
La loi AGEC incite les pouvoir publics à intégrer du recyclage, et du réemploi ou de la réutilisation, à leur commandes annuelles de mobiliers. Les réglementations RE2020, et des labels comme celui de CIRCOLAB, poussent certains acteurs de bâtiment et du paysage à prendre les devants et à pousser les curseurs en intégrant le bois de réutilisation.

Nous vous partageons quelques diagrammes des chiffres extrapolés à partir des bilans 2023 de l’UFME (Union des fabricants de menuiserie), le FERVAM (Filière Engagée pour le Recyclage et la Valorisation des Menuiseries), et du bilan de l’ESIAM (Entreprise solidaire d’initiative et d’action des Mauléonais), et de rapport requalif de l’ADEME.

Nous avons également réalisé un diagramme sur les étapes de transformation permettant de donner une seconde vie à la matière issue de réutilisation, que nous avons présenté au FMBC 2024 (Forum Mondial Bâtiment Climat).

Vous trouverez enfin, les résultat de bilan ACV sur une table d’extérieur réalisée en bois de réutilisation.

Retenons qu’en moyenne, 80% du CO2 d’un mobilier provient du bilan de matière, la réutilisation a donc toute sa place pour participer à réduire nos émissions carbone !

Visuel 09: Bilan ACV de la table LTa02, indicateur Kg eq CO2 économisés.

 

Visuel 10: Répartition des masses équivalents CO2 de la table LTa02 comparée à un produit médian.